Estampe Japonaise Yashima Gakutei
Estampe japonaise Yashima Gakutei (XIX s.) photo CGC 2016 Bxl

Cancer: 4ème lettre de l’alphabet astrologique – Nourrir et Protéger

Nous arrivons au dernier principe du premier Secteur Personnel de la roue du Zodiaque Naturel qui permet d’imaginer et d’intégrer la suite des images archétypales qui symbolisent la base de l’identité individuelle. Un thème natal dont le Secteur Personnel (de 1 à 4) est fort habité par des planètes (5 ou plus) évoque l’importance donnée à l’individu, à sa famille d’origine et/ou à celle qui sera fondée.
Après le Feu, la Terre et l’Air, nous arrivons au dernier des quatre éléments qui se décline dans l’Eau du signe du Cancer gouverné par la Lune dans la 4ème Maison.

Après l’intuition et l’action de l’élément Feu qui a tendance à se projeter dans le futur au n°1 du Secteur Personnel, nous passons au ralenti du n°2 dans l’élément Terre des sensations au présent en évaluant nos talents et ressources individuels. Au n°3 il est temps de comparer les situations en ayant recours aux capacités intellectuelles de l’élément Air qui analyse passé, présent, futur avant d’arriver au n°4, le point final du Secteur Personnel baignant dans l’Eau et les souvenirs du passé, les bons et les moins bons, afin d’ assurer nos fondations – au propre comme au figuré – et de pourvoir aux besoins individuels fondamentaux.

L’élément Eau est le plus protecteur des quatre. C’est l’élément des origines, de la fertilité, de la perpétuation et de la croissance du vivant. L’Eau correspond à l’immensité océanique de la subjectivité et des sentiments souvent contradictoires qui submergent la raison. Typiquement yin, c’est l’élément qui dicte nos réactions affectives et instinctives. L’Eau permet d’être à l’écoute des messages de notre corps et de prendre soin de nous. Elle offre aussi cette capacité de se mettre dans la peau de l’autre et de partager son ressenti sans mot dire.
L’Eau connecte au niveau instinctif, sentimental et indicible.
La Lune est la planète d’Eau par excellence. Son signe natal indiquera la combinaison des éléments qui vont jouer un rôle important dans la manière de réagir instinctivement dans tous les domaines qui touchent de près.(1)

Astrologie Lunaire – Principe n°4 : ‘Je protège’

La Lune, souveraine naturelle du n°4, est probablement l’actrice la plus importante sur la scène de notre vie. Le Cancer, signe qu’elle gouverne, intensifie la fonction sentimentale (Eau) de la Lune, l’image archétypale du principe maternant qui la caractérise.
L’intérêt porté au cycle des lunaisons du satellite de notre petite planète Terre remonte à la nuit des temps.

Où qu’elle se situe dans le thème astral – signe et maison – la Lune offre un message aussi important que complexe sur la manière dont nous devons nourrir nos besoins vitaux aux trois niveaux de la pyramide Corps – Esprit – Âme.
En plus, et même si la 4ème maison est vide de planète, il est indispensable d’analyser la position et les aspects du signe qui se trouve sur sa cuspide pour intégrer au mieux leur narratif positif et négatif dans le déroulement d’une vie. C’est le ‘creuset’ alchimique où se fonde la vie unique de chaque individu qui doit faire face au vaste monde symbolisé par le principe n°10 sur l’axe du Méridien.

Évolution soli-lunaire des 4 phases de la conscience
Des poètes, historiens et philosophes ont partagé l’évolution de la conscience en 4 phases qui chacune présente une association différente des pulsions émotionnelles lunaires avec l’analyse rationnelle solaire.(2)

Durant la première phase magique et gynolatrique, et là où l’animisme subsiste encore, l’être humain forme un tout avec la Nature qui est la déesse primordiale. Au départ, les hommes vénéraient la Lune, symbole du cycle de fertilité de la Nature et de la Femme. En apparaissant détenir le pouvoir de vie et de mort, l’astre lunaire reçu les attributs de la Grande Déesse Créatrice et de la Mère Universelle.

A l’opposé du Soleil qui montre le chemin sous sa lumière éclatante en illuminant nos activités quotidiennes, la Lune est l’astre magique de nos nuits qui se suivent et ne se ressemblent pas. L’un évoque une approche consciente et relativement simple à la clarté de la vie diurne tandis que la seconde suggère plutôt les mystères de l’inconscient et ses contenus plus ou moins complexes dans une semi-obscurité nocturne.
Ainsi que le dit si bien l’archéologue Aubrey Burl : ‘Le Soleil est simple. La Lune est complexe’.(3)

La deuxième phase mythologique imaginale – représentée par un dialogue entre le Dionysos lunaire et l’Apollon solaire – offrait une vision mythologique et polythéiste où imagination et raison se partageaient l’explication de la réalité soli-lunaire.
L’implantation du monothéisme au Moyen Orient prépara la civilisation occidentale à la troisième phase mentale patriarcale et égocentrée. S’imposant au fils des siècle, elle manifeste activement la prédominance masculine lors de la ‘chasse aux sorcières’ du Moyen Âge, pour imposer ensuite un rationalisme solaire durant la révolution industrielle et autres ‘victoires’ de la science sur la Nature.
La Nature n’est plus une déesse! Cette phase, dont nous nous extirpons lentement, a vu le triomphe du Soleil et de la volonté masculine sur la Nature, accompagné de l’exile de la Lune et de la complexité féminine aux enfers.
Une approche manichéenne des sexes opposés et de la vie en général à favorisé l’organisation d’une société ordonnée. ‘Paradoxalement, en cherchant à se libérer de la nature toute-puissante, l’humanité tomba sous l’emprise de l’autorité des hommes dont elle était tenue d’accepter les lois sous peine cette fois de connaître la honte, la culpabilité, la punition et l’exclusion lorsqu’elle ne s’y soumettait pas.’(4).

L’antagonisme soli-lunaire a été particulièrement visible durant ces cinquante dernières années. La polarisation des forces soli-lunaires empêchant l’union créative de l’esprit avec le corps, de la raison avec l’instinct, de la culture avec la nature et enfin de l’homme avec la femme, apparaît finalement comme l’obstacle ultime à la survie du genre humain.

En contrepoint, la quatrième phase androgyne holistique qui se développe depuis le début du siècle passé et célèbre le mariage de la Lune et du Soleil dans la diversité et la complétude représente l’espoir.(5) Le féminisme était une étape importante pour encourager les femmes à retrouver leur créativité solaire yang sans être confinée à leur seule qualité de mère nourricière. Mais à présent ce sont les hommes qui doivent découvrir, développer et utiliser leurs qualités lunaires yin.
Il semble malheureusement qu’il soit plus difficile de laisser tomber cette part solaire primaire où la compétition à qui sera le plus riche, le plus puissant, le plus applaudi fait toujours sens. Il est cependant permis d’espérer, car notre Mère Nature à tous, la grande Gaïa, se fiche de ces petites blessures d’ego et nous oblige, hommes et femmes, à rétablir l’équilibre vital entre Nature et Culture au risque de disparaître, tout simplement.
Le ‘New Men Movement’ américain des années 60-70 qui était pro-féministe, annonçait aussi un rapprochement spirituel et psychologique entre les hommes pour remplacer leur compétition traditionnelle par un échange amical. L’exploration et l’expression poétique de leur part féminine était aussi au programme de ces hommes complexes et complets, de cette complétude soli-lunaire du mariage intérieur. Le processus d’individuation – devenir pleinement qui on naît/est, reste la voie divine du bonheur et de la paix, intérieure et extérieure. (6)

L’opposition entre la Lune en Cancer et le Soleil en Capricorne – signe gouverné par Saturne, l’image archétypale du Réalisme et de l’Authenticité, avec leurs limites et limitations – est un moment idéal pour avancer dans la phase androgyne. Cette opposition soli-lunaire caricaturale sur l’axe 4/10 enseigne qu’en chacun de nous – homme et femme – le mariage soli-lunaire est indispensable pour allier l’intelligence émotionnelle lunaire avec l’intelligence rationnelle solaire. Indépendamment des genres, il nous faut intégrer les deux pour tendre vers l’équilibre indispensable à la Nature et à cette complétude indispensable à la vie bonne.

Le signe du Crabe
Le signe du Cancer, où qu’il se trouve dans le thème natal, symbolise le besoin fondamental de protéger et de se protéger. Depuis la nuit des temps, donner la vie à des enfants était la meilleure assurance vieillesse. La tribu y veillait. Cette vie de famille ancestrale réunissant deux, trois et même quatre générations, existait encore dans nos régions avant que la société de consommation et l’égocentrisme ne séparent les enfants (à la crèche) des parents (au boulot) et des grands-parents (en maison de retraite).

Le signe du Cancer est traditionnellement représenté par le crabe, cet animal marin (Eau) qui protège sa vulnérabilité par une carapace et deux pinces prêtes à le défendre. Le crabe symbolise une attitude inquiète et défensive, qui n’ose pas regarder la réalité en face mais qui avance de biais pour atteindre sa cible. Sa ténacité pour atteindre au but est proportionnelle à sa peur.

Météo astrologique de la Pleine Lune en Cancer

La Lune pleine du 18 janvier à 27° du Cancer semble plutôt perdue, toute seule, comme abandonnée, face au Soleil à 27° du Capricorne qui lui est flanqué de Pluton à 26° symbolisant le pouvoir souterrain, les manipulations en tout genre avec cette obstination d’assouvir toutes les ambitions professionnelles, sociales, financières que peut symboliser une alliance Pluton/Capricorne. Cette Lune évoquerait plutôt un sentiment de tristesse à ne pas pouvoir remplir sa mission naturelle de protectrice.

Et pourtant, nous avons pas mal de choses à viser, retravailler, parer, nover, sous l’inspiration et la guidance de Mercure et Vénus, les deux acolytes du Soleil, qui sont tous deux en position rétrograde, occupés à revoir tout ce qui s’est passé ces derniers temps. Collectivement et individuellement, il y a cet espoir bienvenu de participer à un changement de la situation générale. C’est un moment idéal pour faire le point et permettre de nous réaligner avec nos engagements personnels avec Vénus rétrograde en Capricorne jusqu’au 29 janvier, ainsi qu’avec nos habitudes quotidiennes et la nécessité de faire sens pour aller de l’avant. Mercure rétrograde en Verseau puis Capricorne jusqu’au 4 février et conjoint à Saturne pour le moment – conjonction qui ne remplit pas vraiment d’optimisme mais donne une bonne notion des limites et limitations de la réalité telle que nous la percevons pour le moment et qui passera en temps opportuns.

Mars en Sagittaire quinconce à la Lune et semi-sextile au Soleil a envie de crier haut et fort ce qu’il pense être juste. Tout dépend bien sûr du point de vue individuel avec Mars, et pour le Sagittaire : ‘Il y a ma vérité, ta vérité, leur vérité, et puis éventuellement la vérité’ comme nous l’enseigne un vieux proverbe. La patience n’est pas vraiment la signature du Feu de Mars encore moins lorsqu’elle est renforcé par le Feu du Sagittaire.
Patience et résistance peuvent mener à la victoire. Je le souhaite à toutes et à tous!

Notes
(1) Lire p. 244 à 249 dans mon livre ‘Écriture Céleste …’ pour en savoir plus sur l’élément Eau ou consulter le blog ‘4 éléments’ sur le site www.astrologiearchetypaleappiquee.com
(2) Pour un résumé des ‘quatre phases de l’évolution de la conscience’, lire p.262 à 272 dans ‘Écriture Céleste…‘ inspiré de l’œuvre du jungien Dr. Edward C. Whitmont dont ‘Return of the Goddess’ (Crossroad, NY 1992) est l’un de ses livres phares.
C’est dans le magnum opus : ‘The Ever-Present Origin’ de Jean Gebser (1905-1973) le linguiste, poète et philosophe de l’évolution de la conscience humaine que l’on trouve la théorie des 4 phases du développement de la conscience au niveau individuel comme au niveau de l’humanité.
(3) id. p.262 Aubrey Burl (1926-2020), Expert en archéologie mégalithique
(4) id. p.269 – passage du livre publié en 2015 et transcrit en italique mot à mot avec un frisson d’horreur en janvier 2022 !
(5) id. p.270 lire le texte prophétique du poète Rainer Maria Rilke écrit en 1904. Vous le trouverez aussi dans son petit livre toujours aussi édifiant de nos jours, ‘Lettres à un jeune poète’
(6) Le poète Robert Bly (1926-2021) en est l’un des principaux instigateurs et son livre ‘Iron John : A Book about Men’ (2004) est le livre clef qui décrit ce mouvement

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